Paris Vezelay, mon long chemin : 1ère partie

Une belle marche à travers champs et forêts avec parfois de belles montées. 3 objectifs majeurs pour moi aujourd'hui :

- visiter l'église de St Jacques le majeur à Asquins;

- méditer dans la chapelle de la Cordelle;

- visiter la basilique de Vézelay.

La marche est agréable, je m'arrête une première fois dans une cabane de chasse vers 12H00 pour faire une pause et une deuxième fois encore dans une autre cabane de chasse vers 14h00 pour déjeuner.

J'arrive à Asquins. L'église est perchée sur un tertre qui domine le village. Du parvis de l'église, on a une vue panoramique sur la campagne environnante et une vue extraordinaire sur la basilique de Vézelay.

C'est le lieu de départ d'une des quatre grandes voies du chemin de Compostelle celle dite « de Vézelay », inscrite par l'Unesco au patrimoine mondial que je vais dès demain parcourir.

L'église est fermée. Un n° de téléphone à appeler est affiché sur la porte pour celui qui souhaite la visiter. J'appelle. Hélas, personne ne répond ! Je quitte donc avec regret cet endroit qui était pour moi un objectif majeur de cette première partie de la voie de Vézelay.

J'arrive peu après à la chapelle de la Cordelle. Elle est ouverte et il n'y a personne. La chapelle a été construite en 1146-1170 après la prédication de Saint Bernard (Bernard de Clairvaux) pour la deuxième croisade en souvenir de cet événement. Elle est consacrée en 1152. Elle est dédiée à la Sainte Croix, mais elle est surnommée la Cordelle en référence au cordon des moines franciscains. Saint Louis la visite plusieurs fois, notamment en 1248 et en 1267, lorsqu'il vient vénérer les reliques de Marie Madeleine à la basilique de Vézelay.

Me voici donc seul, assis dans cette minuscule chapelle. Comment ne pas penser à l'Histoire en pensant à St Louis. A t-il demandé à être seul lui aussi dans cette chapelle. Se tenait-il au même endroit que moi ? A quoi pensait ce roi guerrier très chrétien voire bigot ?

Je reste là à apprécier ce rendez-vous longuement attendu. Je médite, je me donne le temps. Tout me confirme la brièveté de la vie et la principale leçon que le camino peut enseigner à celui qui veut l'entendre : l'humilité. Rester humble en n'importe quelle circonstance.

Après la prise de quelques photos, je me dirige vers la ville de Vézelay qui n'est distante que de quelques centaines de mètres.

Je dépose mon sac à dos au centre Sainte Madeleine (très bien, merci à l'hospitalière très aimable) et je me rends à la basilique où j'assiste à la messe qui sera chantée du début à la fin, c'est rare.

Je pars ensuite faire mes courses pour ce soir où je rencontre un couple de pèlerins avec qui j'échange quelques mots. J'ignore encore que mon chemin sera étroitement mêlé à ce couple jusqu'à Périgueux puisque nous marcherons ensemble jusqu'à cette ville, terme de leur chemin.

Ce soir, le repas se compose du traditionnel macaroni-sauce tomate. C'est ma première nuit en dortoir depuis mon départ. Nous sommes 6 hommes. Les femmes dorment dans un dortoir différent, au cas où le diable investisse les lieux et qu'il vienne à l'idée de certains de tomber dans la luxure :).

Saint Hubert est le patron des chasseurs.

Pause déjeuner à l'ombre et sous une cabane de chasseurs. Pratique pour la table et le banc

Il fait très chaud !

La colline de Vézelay appelée la colline éternelle L'église St Jacques le majeur d'Asquins est hélas fermée.

La chapelle de la Cordelle

J'arrive à Vézelay Mon premier dortoir

La basilique

La basilique

     suite de mon chemin de Vézelay à St Jean Pied de Port :                                                  http://vezelaysjpp.canalblog.com/

Ce matin deux cyclistes français arrivés hier plus tardivement  me prennent la tête au petit déjeuner (chose à pas faire :)

La femme est un moulin à paroles (no comment sur cette habitude spécifique au sexe féminin) du genre "j'ai déjà fait Compostelle et je sais tout donc je vais vous expliquer". L'homme qui de temps en temps essaie d'en placer une est vite coupé dans sa phrase par la pipelette. Je la regarde en hochant la tête de temps en temps, ce qui, au lieu de montrer ma lassitude à son égard, l'encourage au contraire à continuer de plus belle. Bref, je ressors de ce petit déjeuner complètement épuisé et un peu ronchon. Heureusement je suis seul !

La randonnée de la journée est très plaisante le long de l'Yonne et du canal. Je suis vraiment heureux de marcher sur ce chemin. C'est vraiment une belle étape. 

Devant un ponton de pêche où est accostée une barque, je ressens une immense quiètude (voir photo). L'endroit est beau et paisible. Je reste plusieurs minutes à imaginer le bonheur qu'ont éprouvé les personnes qui pêchaient ou se reposaient à cet endroit. J'ai décidé de donner un nom à la photo (cela sera la seule fois durant ce périple) et l'ai appelée "les jours heureux".  

Je croise beaucoup de cyclistes. Ce n'est pas encore le "buen camino". Il y a aussi beaucoup de bateaux qui naviguent sur le canal. Un petit signe de la main à chacun, cela fait toujours plaisir !

Je m'arrête le midi pour déjeuner près d'une rivière (un bras de l'Yonne), l'endroit est calme et plaisant avec une petite chute d'eau.

Tous mes appels aux différents hébergeurs n'ont pas abouti. Ce soir, je crains fort de me rabattre à l'hôtel restaurant de Tannay dont la demie pension est à 70 euros ce qui, après ma halte à Joigny de 62 euros, explose mon budget prévisionnel. Un dernier coup de fil à un hébergeur dont mes précédents appels sonnaient dans le vide, et bingo cela décroche. La réponse est positive. Ouf ! un souci en moins !

Avant d'arriver à Ste Pallaye, je fais un détour par Bazarnes, petit village où mes anciens beaux-parents possèdaient une petite maison de campagne et où nous allions passer, il y a une trentaine d'années, des week-end voire des vacances. J'y ai passé de très bons moments et j'ai la tête pleine d'heureux souvenirs. 

J'arrive ensuite à Ste PALLAYE. J'ai une maisonnette pour moi. Le soir, je dîne avec mon hospitalière, sa soeur et son beau-frère. Lui aussi a fait Compostelle et est tout heureux de me montrer sa crédenciale et sa compostella. Je passe une très bonne soirée en leur compagnie.

                  Eglise de Vaux

            "les jours heureux"

Pause déjeuner.

             Eglise de Bazarnes 

Départ à 8H15. 

Cette journée s'annonce longue (35 kms). De plus, il fait très vite très chaud. J'avance tranquillement à travers les champs. Cette longue marche me permet de repenser à tout ce que je viens de vivre ces derniers jours.

J'arrive à 17H00 très éprouvé à la maison des randonneurs à Auxerre. Je suis seul dans une chambre et je paye en tout 23 euros pour la nuit, le petit déjeuner et une machine à laver + sèchante.

Je ressors dans la soirée visiter le centre ville et la cathédrale.

Le soir, je discute avec 2 allemandes je devrais plutôt dire avec une allemande car la deuxième ne parle que sa langue natale. Ce sont les premiers pèlerins que je rencontre. Elles marchent depuis l'Allemagne 15 jours chaque année et s'arrêtent cette année à Vézelay.

Le lendemain au moment du départ, mon hosptalière me demande de l'accompagner au presbytère pour tamponner ma crédenciale.

Elle me remet un chapelet de Medjugorje où elle se rend souvent. Beaucoup de personnes que je connais vouent également un attachement particulier à la vierge de ce Lourdes de Bosnie-Hezergovine et ils m'en parlent souvent.

Je les soupconne de souhaiter que j'effectue le pèlerinage à pied de Nantes à Medjugorje mais ce n'est pas pour l'instant au programme. C'est donc avec beaucoup d'émotions que je reçois ce cadeau qui ne me quittera plus jusqu'à mon retour.

Je marche ensuite le long de l'Yonne puis le long du canal. J'ai toujours aimé cette rivière. Promenades, vélo, pêche... Que de souvenirs !

J'arrive vers 15h30 au SOFRATEL de Joigny. L'addition sera salée (62 euros) avec le dîner et le petit dejeuner. De toute façon, je n'avais pas le choix, C'était la seule possibilité de logement car le couvent des Carmes qui reçoit d'habitude les pèlerins était exceptionnellement fermé pour cause de séminaire de rentrée. Pas de pot !

Après ma douche et la traditionnelle lessive, je ressors visiter la ville, les vieilles rues et l'église. 

                                                               Joigny au loin.

Ma famille d'accueil me propose d'accompagner Madame B. à la famille missionnaire de Notre Dame pour assister à la messe ce que j'accepte, fidèle à mon objectif de me laisser porter par les propositions lors de rencontres afin de voir où tout ceci me mènera.

En échange elle me déposera au début du chemin de halage du canal, m'évitant la retraversée de Sens.

Vers 9h30, je reprends ma marche et je m'aperçois que j'ai oublié chez dans la famille d'accueil ma housse qui protège de la pluie mon sac à dos. Tant pis, j'en achèterai une autre plus tard peut-être à Auxerre.

A la première écluse, l'éclusier qui taillait une haie vient à ma rencontre et me tend ma housse. Mme B. lui a apporté et lui a demandé de la remettre au premier randonneur rencontré étant certaine que je passerai devant l'écluse. Merci encore ! 

Je marche ensuite le long de l'Yonne. C'est très agréable malgré un ciel couvert mais il ne pleut pas.

Je discute un bout de chemin avec un cycliste puis j'arrive vers 15h00 chez ma nouvelle famille d'accueil à Villeneuve sur Yonne.

Ils travaillent à leur domicile, je les laisse donc tranquilles. Je vais faire un tour en ville pour la visiter et boire deux bières et reviens faire une sieste.

J'aurai hélas très peu d'échanges avec cette famille car ils quittent tôt le soir leur domicile pour se rendre à une réunion de parents d'élèves. Et pourtant, cette rencontre va me marquer...

Villeneuve sur Yonne

Tout en prenant un petit déjeuner copieux, je discute longuement avec Françoise qui est une artiste. J'aime beaucoup ce qu'elle fait. Ses sculptures en terre sont très réussies et pleines de poèsie.

Quand je démarre à 9h30, il pleut et il pleuvra toute la journée. Je m'aperçois à cette occasion que mes chaussures ne sont pas imperméables et j'ai bientôt les pieds trempés.

La marche en elle-même est monotone en longeant des champs dans des paysages rendus tristes par la pluie. J'arrive à Sens vers 16H30. Avant de me rendre à mon hébergement, je visite la ville et la cathédrale.

J'ai ma chambre en dehors de l'habitation principale ce qui est pratique.

Le soir au dîner, à la maintenant traditionnelle question "pourquoi fais-je le chemin et pourquoi au départ de Paris". Je donne mes explications sur ma jeunesse dans la banlieue parisienne et quand j'annonce à ma famille d'accueil que mes beaux-parents avaient une maison de campagne à Bazarnes dans l'Yonne, ils m'apprennent que le père de l'hospitalier possèdait l'élevage de truites à Bazarnes où je me rendais souvent afin d'en rapporter pour les repas.

Je connaissais donc ce monsieur qui nous avait même fait visiter son élevage. J'ai dans mes albums des photos montrant ma mère et mon fils pêchant la truite avec des macaronis au bout de l'hameçon. Beaux souvenirs de moments heureux.

Ils me disent que le grand-père serait ravi de me recevoir à Auxerre mais vu son âge (80 ans) je décline l'invitation, je ne souhaite pas le déranger. Le chemin nous réserve parfois de drôles de surprises. Demain en marchant nul doute que les souvenirs enfouis profondément resurgiront de ma mémoire.

Je démarre à 8h30 sous un ciel nuageux. ll tombe une petite pluie fine qui heureusement ne durera pas. Je longe le Loing. De nombreuses péniches maintenant sédentaires sont arrimées à la rive.

Je traverse Moret sur Loing où un des peintres impressionnistes que je préfère Alfred Sisley a peint de nombreux tableaux. Et dire qu'il est mort dans la misère et que maintenant ses toiles valent une fortune !

Une fois quitté le Loing, le chemin est assez ennuyeux. Il passe à travers champs et longe un très long viaduc.

J'arrive chez Françoise T. vers 17h. Je suis logé dans une très belle chambre. Françoise me propose de laver mon linge à la machine puis de le passer à des amis qui ont une sèchante. J'accepte bien volontiers. L'aide que beaucoup d'hospistaliers apportent aux pèlerins est vraiment une réalité. Merci pour tout.

 Tout en haut les crues de1802, 1910 et la + haute 1770

 Moret sur Loing

 Un clin d'oeil du chemin 

  L'église de Champigny sur Yonne

Comme hier, je démarre ma randonnée à 8h. L'hospitalier m'a gentiment déposé au bord du chemin afin de m'éviter un trajet assez long en sens contraire déjà effectué la veille. C'est vraiment très sympa. 

Vers 11h15, je traverse le village de Barbizon connu pour les peintres qui y sont venus vers 1850 (période pré-impressionnistes). Il y a maintenant de nombreuses galeries de peinture. Nous sommes samedi, le centre ville est très animé.

Puis, j'aborde très vite la forêt de Fontainebleau et... très vite je me paume dans les bruyères, les fougères et les ronces à cause d'une mauvaise interprétation des indications données dans le guide.

Heureusement, je sors ma baguette magique : le GPS de mon téléphone dont j'ai déjà parlé. C'est la première fois que je l'utilise en randonnée. Il me sortira tout au long de ce pèlerinage de situations complexes notamment dans le Berry, les Landes et quelquefois en Espagne. Je vais également l'utiliser pour rechercher dans les grandes villes les adresses de mes hébergeurs. Pour moi, à ne pas douter, c'est devenu un outil indispensable au randonneur partant pour plusieurs semaines et traversant de grandes agglomérations. Inconvénient : il faut capter un réseau ce qui ne sera pas toujours le cas :).

Une fois le chemin et la signalétique retrouvés, je traverse la belle ville de Fontainebleau via ses rues commerçantes, je passe devant le château et je longe l'étendue d'eau qui se trouve face au château. Les promeneurs sont nombreux. J'entends dans mon dos, un père dire à ses enfants après avoir vu ma coquille sur mon sac à dos "tiens celui-là, il n'est pas arrivé !" .

Il fait très chaud. Je marche ensuite le long du Loing. Le sentier à l'ombre des arbres est agréable. Des jeunes se baignent en sautant d'un pont de chemin de fer. Il y a également beaucoup de pêcheurs le long de la rive.

J'arrive à Veneux les Sablons vers 17h30. La personne qui doit me recevoir n'est pas encore là car son père vient d'être hospitalisé et bien sûr elle l'a accompagné, elle me demande d'entrer et de m'installer dans le jardin en l'attendant.

Plus tard, nous dînons sur la terrasse où j'ai l'honneur de réciter à sa demande mon premier (et le seul) Bénédicité. Ce que je fais avec une bonne volonté même si ce que je dis n'est pas très... catholique en tout cas cela vient du fond du coeur et c'est bien là le principal.

J'apprends que le Loing a connu une très importante crue au printemps et que les inondations ont provoqué d'importants dégâts notamment dans les maisons proches de cette rivière ce qui est le cas de celle où je suis. Mon hospitalier me montre la trace jusqu'où est montée l'eau (au ras des fenêtres pourtant surélevées ==> voir photo). C'est impressionnant.

Il possèdait (comme moi) quelques ruches dans son jardin. Elles ont toutes été noyées.

  Le château de Montgermont

Barbizon : j'ai photographié cette maison que j'avais autrefois dessinée d'après une photo. 

 La forêt de Fontainebleau

Le château de Fontainebleau où Napoléon 1er fit ses adieux avant son départ pour l'île d'Elbe

Les jeunes sautent du pont. Il fait très chaud !     Le Loing

 Lors de la crue du Loing au printemps l'eau est montée jusqu'aux fenêtres. Impressionnant.

En partant à 8 heures, je me retrouve assez rapidement dans la forêt de Sénart. Celle-ci faisait autrefois partie intégrante de la forêt de Fontainebleau mais l'urbanisation a morcelé cette grande étendue, terrain de chasse des rois.

Les souvenirs surgissent : dans cette forêt nous allions, ma mère Ginette, mon arrière grand-mère Honorine et mes deux soeurs Françoise et Sylvie, cueillir le muguet et les jonquilles au printemps. ramasser les châtaignes en automne. Nostalgie, tristesse. En pensant à cette période où l'insouciance était encore présente à mes côtés, je marche sur la très longue allée royale (4,5 kms). Celle-ci me parait interminable !

Je passe devant le pavillon royal et en arrivant à Nandy le chemin est barré par des barrières. Un arrêté municipal interdit de continuer. Le sentier s'est en partie effondré à cause des dernières crues de la Seine. Que faire ? je regarde ma carte puis mon GPS présent sur mon téléphone (google maps) je n'aperçois aucun chemin qui me permet une déviation sans parcourir plusieurs kilomètres. Je me décide à braver l'arrêté et à passer en écartant les barrières (que je remets ensuite en place). En effet, rapidement le sentier devient escarpé, une grande longueur de la rive s'est effondrée et le sentier n'est plus qu'à un mètre du vide. Le maire a eu raison de prendre cet arrêté. Je passe quand même pas très rassuré mais soulagé une fois le danger passé.

J'arrive ensuite devant une sculpture monumentale de près de 10 mètres de hauteur appelée le Gardien. Cette oeuvre est de l'artiste franco-allemande Gloria Fredmann. Elle trône en bordure de l’allée Royale. Implanté dans une clairière, entouré de chênes, ce visage énigmatique est couronné de cinq cerfs reproduits à taille réelle, pour une structure faite d’acier mais recouverte de terre et de résine. Je décide d'y faire une pause et de déjeuner dans cet endroit atypique.

La suite de la rando se termine sans problème et j'arrive à Saint Fargeau-Ponthierry au domicile d'un couple de randonneurs faisant partie de l'association Compostelle Paris-Vezelay. Couple très sympathique avec qui je passe une agréable soirée.

Il faut suivre la signalitique jaune et bleu  

 Le gardien

Je souhaitais depuis longtemps parcourir le camino frances. Lors de mes discussions avec les autres pèlerins, j'avais comme une grosse lacune sur mes périgrénations sur les chemins jacquaires.

Cependant, je redoutais la foule qui emprunte ce camino. J'avais déjà eu un aperçu lors de mes précédentes randonnées vers Santiago (camino del Norte, camino primitivo et via de la Plata), lorsque ceux-ci rejoignaient le camino frances à quelques étapes de l'arrivée, de la masse de pèlerins-randonneurs qui marche sur ce chemin. Départ très tôt, course à l'albergue, saturation des endroits pour dormir... bref rien de motivant. Au contraire, tout ce que j'essaie de fuir quand je pars en randonnée.

Le déclic survint début 2016 quand je découvris qu'une association parisienne (les amis de St jacques de Compostelle Paris-Vézelay) avait balisé un chemin et sorti un guide concernant une variante qui part de Paris et arrive à Vézelay.  La voie officielle de Paris passant par Tours, il s'agissait donc bien d'une variante.

Moi qui ai vécu 45 ans dans la région parisienne, ayant à foison des souvenirs sur la forêt de Sénart ou de Fontainebleau, sur la région d'Auxerre et de Vézelay où mes beaux-parents avaient une maison de campagne, j'y trouvais les alibis nécessaires pour me motiver et effectuer ce qui restera sans doute pour moi LE GRAND CHEMIN.

Arrivé la veille dans la famille, je prends accompagné de Philippe et Juliette, le RER et le métro à 7H00 pour me rendre à la cathédrale Notre Dame de Paris.

Comme un idiot, j'ai emporté mon gros sac à dos puisque je dois démarrer du parvis de la cathédrale après avoir assisté à la messe et m'être fait bénir. Pris dans l'excitation du départ, je n'avais pas pensé que l'on ne me laisserait pas entrer dans Notre Dame avec un aussi gros sac à dos. Ce qui bien sûr arrive quand je me présente devant le vigile chargé de fouiller les bagages. Celui-ci fut formel : interdiction de pénétrer dans la cathédrale avec le sac à dos. J'ai beau discuter, expliquer les raisons, lui parler de mon pèlerinage qui démarrait, rien n'y fait, le vigile reste inflexible.

Derrière moi, la foule des touristes qui attendent s'allonge, ce qui provoque l'irruption d'un responsable de la sécurité. Je lui réexplique les raisons et mon départ pour Compostelle ce jour même. Il me regarde quelques secondes puis me dit "vous êtes le premier pèlerin aujourd'hui, allez vous pouvez entrer !". Dans ma tête je revois toutes ces situations compliquées que j'ai vécues sur les chemins et qui avaient toujours trouvé une issue favorable. Là encore, St Jacques vint à ma rescousse  et je peux entrer dans la cathédrale avec mon sac à dos.

Nous allons directement nous asseoir dans le coeur pour assister à la messe. J'ai donné rendez-vous à une amie pèlerine Marie avec qui j'ai marché sur la via de la Plata qui part demain sur la voie de Tours mais qui s'arrêtera à St Jean Pied de Port.

Après la messe, Marie et moi sommes bénis dans une petite cour intérieure par le prêtre qui a officié à la messe. Puis, c'est le grand départ accompagné de Marie, Juliette et Philippe. Notre première pause photos est naturellement la tour St Jacques d'où partaient les pèlerins au moyen-âge.  Marie nous quitte rapidement.

Après avoir longé les quais, traversé les places de la Bastille et de la Nation, nous arrivons à Charenton le Pont puis à Maisons Alfort ville où j'ai vécu jusqu'à mon mariage et où est enterrée toute ma famille. Je fais un détour par le cimetière pour me recueillir sur les tombes, 4 générations y reposent.

Une pause déjeuner au domicile de mon beau-frère, puis nous repartons direction les quais de Seine, Alfortville Après cette ville, je continue seul, Villeneuve St Georges, Choisy le Roi. J'arrive vers 17H à Montgeron chez un ancien collègue de travail, Etienne, qui a accepté de me recevoir et de me loger au terme de cette première étape chargée d'émotions.

 Philippe, Juliette et moi

 kilomètre 0

 Le prêtre qui nous a bénis Marie et moi         Philippe, Marie et Juliette

 avec Marie

 La tour St Jacques

 La conciergerie

 La Bastille

 La voie verte (ancienne voie ferrée)

Nation

 Le bois de vincennes                                   Le pont du port aux anglais

 Le long de la Seine